Par Gilles Poulet*
À y regarder de près, les fake news ne sont que l’ultime avatar américain du mensonge orienté. Ce n’est qu’une formulation de plus, qui en recouvre, en les concentrant, l’élaboration, la mise en forme et la diffusion. Leur objectif est la domination tant idéologique que politique ou économique. Rien de plus, rien de moins.
Idéologique : du protocole de Sion aux élucubrations complotistes (le 11 sept. 2001 serait l’œuvre de la CIA).
Politique : de longue date théorisé par Machiavel, mais connu sans doute depuis que des hommes ont voulu en dominer d’autres en les bernant et en les empêtrant dans des vérités controuvées.
Économique : la théorie de « l’horizon indépassable », chère au néolibéralisme, avec son mantra de « la concurrence libre et non faussée » qui est une pure fiction, sans cesse démentie dans les faits par le protectionnisme rampant de ses plus grands propagandistes. Mais aussi les bobards publicitaires, véritables chef- d’œuvres misant sur la crédulité du public.
Il s’agit donc d’imposer ses thèses et ses thèmes dans le débat public et de mener la bataille culturelle (parfois au prix de l’acculturation) parallèlement au combat politique.
L’ingénierie du consentement est devenu l’outil premier des hommes de pouvoir, qu’ils soient politiciens, capitaines d’industrie ou banquiers d’influence. Pour cela, ils s’arrogent le droit de persuader et de suggérer – les fameux éléments de langage serinés ad nauseam – , comme bon leur semble et entendent qu’on ne le leur conteste pas ce droit
Manipuler fait partie des talents premiers du monde politique qui sait par expérience l’impuissance de la force pure pour organiser durablement les choses. Éviter les affrontements directs, fait donc partie de la stratégie courante mise en œuvre. Les amères expériences de retraits obligés après manifestations monstres ou émeutes sanglantes ont rendus les politiciens, du moins ceux des démocraties, prudents. Dès lors, ils se tournent vers la manipulation et le mensonge et recherche le consentement arraché subrepticement. C’est un peu l’art du bonneteau appliqué à l’opinion publique. Voudrait-on un exemple ? Prenons, à propos de bonneteau, l’exemple du tour de passe-passe qui a consisté, néolibéralisme oblige, à remplacer les chômeurs indemnisés par des travailleurs pauvres. Il s’agissait de combattre, comment le dire autrement ?, la réputée paresse naturelle des chômeurs : « Mieux vaut un travailleur pauvre qui ne coûte presque rien, y compris en terme de salaire, qu’un fainéant assisté ». Ce qui est dramatique c’est que cette rhétorique ne rencontre pratiquement aucune résistance et des politiques particulièrement agressives y trouvent une sorte de justification..
Pour ces « élites », la masse est incapable de juger correctement des affaires publiques et les individus qui la composent sont inaptes à exercer le rôle de citoyens en puissance qu’une démocratie exigerait pourtant de chacun d’eux : en somme, le public constitue pour la gouvernance de la société– terme fort laid, venu du management – un obstacle à contourner, une menace à écarter. Il convient donc de mettre en place une révolution (bien cachée celle-là) dans la pratique de la démocratie, à savoir la manipulation de l’opinion et la « fabrication du consentement », un artefact conceptuel, fondé sur des mensonges ou des pseudo-vérités, utilisé pour engourdir les esprits trop critiques et/ou les dévaloriser aux yeux du plus grand nombre.
Edward Bernays, un publicitaire étasunien du début du siècle dernier, disait déjà: « La manipulation consciente, intelligente des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays ». Réflexion à rapprocher de la « main invisible » chère aux néolibéraux et aveu cynique de ce que le vrai pouvoir n’est pas toujours là où on le croit. Il s’agit d’une logique à front renversé pour la démocratie : au débat publique et au choix final rationnel qu’elle présuppose, s’opposent alors une persuasion a-rationnelle et une intention arrêtée de convaincre, fût-ce par la manipulation la plus sordide, car il s’agit, autant que possible, de s’opposer à l’émergence de toute conscience sociale en capacité de dévoiler la trame et le fond des choses et de les combattre. Les peuples éveillés ne peuvent que nuire grandement à l’oligarchie, à ses factotum et à ses marionnettes. On l’aura compris, les combats menés par la Libre Pensée s’inscrivent dans cette résistance opiniâtre. Les libres penseurs et leur prétention à l’éducation populaire constituent en effet un ennemi particulièrement détestable. Notamment, mais pas seulement, quand ils posent la question de savoir pourquoi de grands états, de grandes démocraties continuent de dorloter éhontément les religions et leurs représentants. Notre réponse qui consiste à démontrer que les religions, correctement instrumentalisées, participent de la stratégie générale de contrôle des peuples, de toute évidence et depuis longtemps, énerve tous ceux qui en tirent parti. Un coup d’œil sur l’histoire suffit à s’en convaincre.
Rien de nouveau sous le soleil : vive donc l’info fallacieuse et orientée, traduction possible de fake news en français, conçu et fabriqué par des petits malins dans le but d’abêtir le public, cette masse informe et dangereuse dont il faut engourdir les cerveaux.
Avant d’examiner plus précisément les instruments de manipulation, il convient d’ajouter une observation générale. L’essentiel du présupposé qui fonde ces manipulations est celui-ci : si l’on parvient à comprendre le mécanisme et les ressorts de la mentalité collective, on doit pouvoir contrôler les masses et les mobiliser à volonté sans qu’elles s’en rendent compte ; les progrès des sciences cognitives appuyés sur les NTIC – Nouvelles Techniques de l’Information et de la Communication – rendent aujourd’hui la chose tout à fait possible, voire aisée, surtout si l’on passe par les immenses possibilités offertes par Internet. Ainsi se déchaînent en toute tranquillité le bourrage de crâne, la théorie du complot, la théorie de l’horizon indépassable, celle du ruissellement, celle aussi qui énonce qu’il n’y a pas d’intérêt général, mais seulement des intérêts privés, la fiction de l’incompétence générale des gens ordinaires à décider de leur sort, qui engendrent les plans d’austérité et les dérives autoritaires au nom du bien commun.
Le grand linguiste nord-américain Noam Chomski, dès 1988, a énoncé dix points qui font, selon lui, le fond de la propagande et de la manipulation aujourd’hui [1].
1. La stratégie de la distraction qui consiste, grâce aux média, à distraire le public des choses importantes, le retour du « panem et circences » en somme. C’est une stratégie de diversion dont le but est de cantonner les gens dans l’ignorance, y compris des connaissances essentielles dans les domaines scientifiques de toutes disciplines. « Il faut garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser ». Confer le fameux « temps de cerveau disponible pour Coca Cola », cyniquement énoncé par un ancien président de TF1, Monsieur Patrick Le Lay.
2. Créer des problèmes, puis offrir des solutions. Le laisser-aller, laisser-passer qui les engendrent en relève et le public ne tarde pas à demander des mesures de protection attentatoires aux libertés, ou, suite à une crise économique soigneusement pilotée, des mesures d’austérité. Confer l’état d’urgence et les politiques d’austérité, menées et reconduites en France.
3. La stratégie de la dégradation : en rend compte la fable de la grenouille, qui consiste à plonger la pauvre bête dans une eau qu’on chauffe insensiblement jusqu’à ce qu’elle n’ait plus la force de s’en sauver. Le traitement est au début indolore certes, mais à la fin elle est cuite !
4. La stratégie du différé : faire accepter une mesure douloureuse et impopulaire, comme malheureusement nécessaire, mais qu’on mettra en place plus tard, c’est plus facile à admettre. Confer les promesses de réformes qui ont permis l’élection de Monsieur Macron et qui sont renvoyées à un avenir incertain. Une danse du ventre pour gogos qui en accepteront ente temps des formules édulcorées.
5. S’adresser au public comme à des enfants en bas âge : infantilisation et débilitation vont de paire, «Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans, alors, en raison de la suggestibilité, elle aura, avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dépourvue de sens critique que celle d’un gamin de 12 ans ».
6. Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion : grand classique du court-circuitage du rationnel. C’est un registre qui permet d’ouvrir l’accès à l’inconscient avec tous les dangers que cela implique, à commencer par l’ essentialisation, aveugle à toute complexité. (Ex : TOUS les musulmans sont des djihadistes).
7. Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise. Il ne faut pas que le commun soit en mesure de comprendre tout des techniques mises en œuvre pour l’asservir et le contrôler. Il faut donc réserver l’excellence et les « bonnes » formations à la classe dominante et à ses relais – la reproduction sociale dénoncée par Bourdieu. Le projet ne fait évidemment pas l’économie du bourrage de crâne : on sait que l’enseignement de l’histoire, par exemple, n’est jamais neutre et qu’il est chargé par l’idéologie dominante de l’élaboration d’une « storytelling » qui l’avantage ; ce qui est fort dommageable quand on aborde l’histoire des luttes sociales ou le fait religieux, par exemple.
8. Encourager le public à se complaire dans la médiocrité. Les grands média, la télévision en tête, y pourvoient avec le talent qu’on leur connaît.
9. Remplacer la révolte par la culpabilité. La vieille ruse de l’Église recyclée par les dominants : « l’ennemi est en moi !». Faire croire à l’individu qu’il est responsable de son malheur à cause de sa médiocrité, de sa fainéantise, de son RMI, de son RSA, de tout quoi ! « Les gens qui ne sont rien » du président Macron , véritables boulets pour ceux qui vont de l’avant et seuls porteurs d’espoir, évidemment.
10. Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Cinquante années de progrès fulgurants dans les NTIC, les sciences humaines et cognitives, parfaitement maîtrisées dans leurs applications opérationnelles ont mis entre les mains des dirigeants une connaissance du sujet au-delà de celle que le sujet possède lui-même de lui-même. La psychologie « grand public » – la psy de bistrot – n’en est qu’un aspect bénin, mais quand même redoutable à terme.
Voyons maintenant le détail des moyens utilisés.
Les Fake news, en premier lieu puisqu’elles sont le prétexte de cette communication.
Les fake news ou fausses nouvelles, informations truquées, imitations, contrefaçons sont un phénomène dont l’impact est planétaire. Leur capacité d’induire en erreur engendre une distorsion de perception de la vérité et par conséquent des jugements erronés relativement aux actions et/ou aux politiques menées. Ces fausses infos sont répandues via les réseaux sociaux et des sites spécialisés. Ceux-ci excellent dans la création de contenu attirant l’attention et imitant à la perfection le format de sources établies. La fake news n’est pas seulement erronée : elle est volontairement trompeuse. Certains hommes politiques, de même que les grands média qui les soutiennent, ne les dédaignent pas pour leurs visées politiques. Confer : les innombrables mensonges qui fleurissent en période électorale le démontrent. Les fake news sont aussi le symptôme de la crise profonde que connaissent les grands média papier bousculés par l’internet et ses développement. Nous y reviendrons.
Les Faits alternatifs : en anglais: alternative facts.
La notion fut utilisée en janvier 2017 par Kellyanne Conway, conseillère de Trump lors d’une conférence la presse, afin de soutenir les arguments de Sarah Huckabee Sanders, elle-même porte-parole de la Maison Blanche, relatifs à l’importance de la participation du public lors de l’investiture du nouveau président, qui s’était déroulée la veille et qui manifestement, quoi qu’elle en ait dit, au vu des images, était loin d’avoir réuni la foule considérable qu’elle prétendait. La veille, Donald Trump avait également affirmé que la pluie avait cessé dès qu’il avait commencé son discours d’inauguration et que le soleil avait suivi – affirmation contraire aux faits. « Je pense que parfois nous pouvons être en désaccord avec les faits », a affirmé à cette occasion un autre porte-parole officiel. Voilà qui en dit long sur le rapport à la vérité de ces gens là.
La question du rapport vrai/faux dans l’univers politico-médiatique est assez bien décrit par le mot-valise «truthiness» qui signifie que l’on peut tenir une chose pour vraie sur la base de simples présupposés affectifs – Ici la défense bec et ongles d’un président qui se distingue par un rapport à la vérité plus que douteux – sans jamais surtout tenir compte de faits qui pourraient les infirmer. Convenons que c’est assez confondant, voire inepte.
Le mensonge en politique est l’art de convaincre le peuple en lui faisant croire des faussetés salutaires, pour son bien comme on l’a déjà noté, pourtant, le mensonge pour le commun des mortels est et demeure le contraire de la vérité. Vraiment ?
Selon Hannah Arendt il faut distinguer entre vérité de raison et vérité de fait. En effet, si l’on considère que si tous les faits sont construits, alors la notion de vérité perd toute espèce de valeur. Et de conclure : « Le résultat d’une substitution cohérente et totale de mensonges à la vérité de fait n’est pas que les mensonges seront maintenant acceptés comme vérité, ni que la vérité sera diffamée comme mensonge, mais que le sens par lequel nous nous orientons dans le monde réel – et la catégorie de la vérité relativement à la fausseté compte parmi les moyens mentaux de cette fin – se trouve détruit. » Voilà le danger clairement décrit et bien avant que les Étasuniens n’inventent le concept de fake news que nous dénonçons à cette tribune.
Pour Max Weber, autre puissant penseur, le devoir des intellectuels n’est pas de s’interdire des jugements de valeur lorsqu’ils étudient un fait social, mais d’en prendre conscience et de le spécifier, autrement dit de préciser sous quel angle ils orientent leur analyse et quels sont leurs critères. L’injonction wéberienne présente une difficulté certaine pour les journalistes, en raison de la réactivité aux événements à laquelle leur métier les contraint, sans parler de la réalité des choses qui font que la presse est aux mains de puissances d’argent qui entendent ne pas être remises en cause, au-delà d’une pseudo-tolérance nécessaire à la fiction de la liberté du titre. L’effet le mieux connu et le plus dommageable à la vérité est évidemment la sourde auto-censure.
Le Négationnisme.
L’obsession du négationniste est de ne surtout pas connaître, et moins encore reconnaître, la réalité telle qu’elle est. C’est pourquoi il s’emploie à ruiner systématiquement la vérité des faits en construisant laborieusement un mille-feuille argumentatif, en triant les éléments qui l’arrangent et qu’alors il manipule en les sortant de leur contexte, voire en les inventant de toutes pièces si besoin, pour rendre crédibles ses projections imaginaires et ses élucubrations déjantées.
La théorie du complot relève parfois de ces processus fondés sur la fausseté. Pourtant, elle débouche sur un débat stérile, dans la mesure où elle est imperméable à la réfutation. C’est un piège terrible, car l’imaginaire du complot est sans limite et donc irréfutable puisque les preuves avancées de son inexistence se transforment illico en autant de « preuves » de sa réalité. Les conspirationnistes parviennent d’autant plus à convaincre leurs auditoires qu’ils singent la pensée rationnelle et méthodique tout en ignorant la contradiction. Le procédé est celui de la chimère : accoler des éléments existant vraiment et faciles à identifier pour en faire quelque chose d’improbable. Une tête de lion sur un corps de taureau aux pattes griffues, une langue bifide et une queue serpentine et voilà créée la chimère. Les complotistes de tous poils connaissent et maîtrisent parfaitement cet art.
L’influence des réseaux sociaux, un outil fondamental et fou, parce qu’ incontrôlable, mais tellement complaisant.
Ces nouveaux relais d’opinion ne sont tenus à aucune déontologie, à la différence du journalisme professionnel, mais sont de plus en plus consultés. Le caractère international d’internet introduit une série de problèmes nouveaux, suscités par le fait qu’il offre la possibilité aux particuliers comme aux états de porter préjudice à d’autres, quasiment en toute impunité, comme les récentes attaques informatiques via le Net le montrent. Paralyser ou vampiriser des entreprises, voire des états est à portée de clic. La fausse nouvelle dans ce contexte l’est tout autant, c’est ainsi, par exemple, que le 30 novembre 2016, le Washington Post avança que l’État russe aurait joué un rôle clé dans le résultat des élections américaines en disséminant sciemment de fausses informations. Aujourd’hui la lumière pleine et entière n’a toujours pas été faite sur cette affaire, mieux (ou pire) le procédé a été repris à l’occasion de l’élection présidentielle française, sans qu’on puisse, là non plus, trancher véritablement de la vérité ou de la fausseté des choses. On en est condamné à un entre deux inconfortable et générateur de soupçons.
Internet rend crédule et stupide. L’agnotologie ( construit sur a privatif et le grec gnosis connaissance) est la production délibérée du mensonge et elle couvre des cas trop nombreux et trop hétérogènes pour qu’on en puisse épuiser les méfaits.
Répandre une fausse nouvelle est un jeu d’enfant, il faut pour cela : D’abord la créer, puis créer une succession d’écrans médiatiques : fausses sociétés, faux sites etc. pour se protéger et enfin, passer par des « chambres d’écho » qui, utilisant un réseau militant, font tache d’huile et finissent par atteindre les grands média qui la relaient à leur tour, même en prenant parfois, mais pas toujours, la distance intellectuelle propre au mode conditionnel.
Les Hoax
Sur Internet, le hoax désigne les nombreuses rumeurs répandues de manière virale par des chaînes de mail, qui diffusent fausses informations alarmistes, appels à dons malintentionnés ou désinformation assumée. Il existe heureusement des sites où les soumettre pour les démasquer.
Un grand scientifique français, Étienne Klein, astrophysicien et philosophe, s’est alarmé naguère et a écrit : « Les nouvelles technologies nous conduisent en mode toboggan vers un monde qui n’aura plus grand-chose à voir avec celui dans lequel nous vivons. À quoi ce monde ressemblera-t-il ? Le désirons-nous ? Comment garder une certaine maîtrise du cours des choses ? Quelle place reste-t-il pour le jeu politique, l’agir démocratique ? Je m’étonne que ces questions soient si peu présentes dans les discours publics. » Et c’est bien le problème et, dit mieux que ne pourrais le faire, c’est la préoccupation centrale de l’ADLPF qui refuse de rendre les armes sans combattre.
Intox et désintox.
La riposte.
Si un article « d’actualite.co » se retrouve dans votre fil, mieux vaut le prendre avec humour plutôt qu’avec des pincettes et en rire plutôt que de s’en agacer. Même chose pour les sites « Journal de Mourréal », « Le Gorafi », « Axe du Mad », « Bilboquet Magazine », « The Onion », et quelques autres. Ceux-là, quand ils se fendent d’une nouvelle, soyons sûrs qu’il s’agit d’une blague, pas toujours du meilleur goût. Le problème, car il y en a un, avec ces petits rigolos c’est qu’ils créent un certain désarroi chez de nombreux internautes peu vigilants, qui finissent par ne plus savoir s’ils consultent un site d’information, un site parodique, ou un faux nez alimenté par un groupuscule activiste. L’extrême-droite excelle dans ce type d’ambiguïté.
Heureusement, les grand média réagissent et fournissent des moyens de parade grâce à la mise en place de sites à consulter pour savoir à quoi on a affaire. Citons pour la France, sans prétendre à l’exhaustivité, Désintox de Libération , Decodex du Monde et le site ACRIMED .
Nous venons de dénoncer sans faiblir les moyens, jetons un œil sur les relais.
En tête de gondole les GAFAM, auxquels on peut reprocher leur laisser-aller et leur manque patent de vigilance, pour le dire gentiment. L’excuse de la rentabilité et le goût immodéré pour le profit ne peuvent être avancés en guise d’excuse, un minimum de déontologie devrait les concerner. Du reste, les rodomontades de leurs créateurs milliardaires sur le mode « Voyez ma munificence, voyez ma générosité, voyez mes (bonnes) œuvres », si elles peuvent servir d’alibi, ne cachent en rien leur rapacité.
La télé, cette machine à décerveler, est omniprésente et les chaînes d’information mâchent et remâchent en boucle, ad nauseam, du « pris sur le vif » sans aucun recul rationnel, vaillamment commenté par les éternels « vicaires de l’info », tous d’accord sur le refrain à chanter. Sans vouloir allonger exagérément cette communication, disons qu’il en est de même pour les grands média papier. La presse exerce, qu’on l’admette ou non, une manière de tutelle sur le lecteur en postulant son incapacité à saisir dans quel sens vont les choses et pour cela elle filtre l’information et la conforme à sa propre opinion, à ses propres visions pour éviter qu’il ne finisse par penser autrement et autre chose que ce qu’elle pare du beau nom de vérité.
Même si le recul des média papier est avéré, comme nous l’avons dit plus haut, ils débarquent maintenant sur internet et y reproduisent leurs habituels procédés. Les pire sont les généralistes qui revendiquent une pseudo-neutralité qui n’est qu’une fiction trompeuse. Les autres, les militants, on sait d’où ils parlent et à qui ils s’adressent. Au moins cela est-il clair et permet une certaine distance du lecteur.
Brisons là !
Il reste au président de l’ADLPF a envisager la riposte, selon les moyens dont il dispose. D’abord, prendre conscience que nos associations sont sur le champs de l’éducation populaire et que ce champ, il faut le cultiver et surtout ne pas le délaisser, même si passer par-dessus les media est difficile et implique que nous-mêmes nous mettions en capacité d’utiliser ces fameux moyens de communication que nous avons tant de mal à maîtriser, voire à financer. Que de progrès à faire et combien est urgente notre modernisation. Il est temps de prendre le vent, et le bon !
Il nous faut, sans trembler, crier à l’escroquerie et à la manipulation honteuse chaque fois que nous en avons l’occasion, le monde ne s’en portera que mieux. Décortiquer les mensonges pour mieux les dénoncer, faire un sort aux fake news en en montrant l’inanité. Du reste, c’est un peu notre devoir de libre penseur. Ne pensez-vous pas ?
[1] La Fabrique de l’opinion publique. La politique économique des médias américains, est parue en 2003 aux éditions Le Serpent à plumes.
*Conférence donnée au colloque organisé par l’Union Mondial des Libres Penseurs à Cologne le 1 et 2 septembre 2017 sous le titre « ‘Fake News’ – Un défi pour la défense de la libre pensée »